On peut avoir l’impression que les jardins japonais se ressemblent tous. C’est vrai qu’ils ont souvent de nombreux points en commun mais chacun a sa propre personnalité. Et il y a a type de jardins que je voulais absolument voir : les jardins de mousse. Justement il y en a un petit à Arashiyama.
Je trouve assez facilement l’endroit. Enfin, c’est ce que je pensais. Je me présente au guichet, je dois être le seul visiteur. Une jeune japonaise semble étonnée de me voir ici. Pourtant il s’agit d’un jardin qui n’est pas si méconnu. Je prend mon ticket et essaye de déchiffrer ce qu’il y a marqué dessus, entièrement en japonais.
Je demande quand même : « Ici, c’est bien le Gio-ji ? »
Elle me répond alors « Non, le Gio-ji c’est juste à côté ! »
Ah flute, je me suis encore trompé d’endroit. Toutes les panneaux dans la rue étaient écrits en japonais, avec des kanji, ce n’est pas facile de s’y retrouver. Elle a l’air désolée et me propose de me rembourser les 400 yens de l’entrée.
Non, je suis entré ici, je visite.
Effectivement, je suis le seul. C’est un petit jardin tranquille, avec son petit bassin et ses mousses. Au fond, le temple avec ses nombreux trésors (et photos interdites). Le moine me fait une visite privée en m’expliquant l’origine des différentes pièces de ce petit musée. Finalement je suis content d’être là et d’avoir cette visite uniquement pour moi !
Je ressors et me dirige vers le bon endroit. Ah oui, à l’entrée c’est bien écrit « Gio-ji » dans notre alphabet, mais il fallait arriver jusque là pour le voir !
Je suis alors plongé dans un écrin de verdure, au pied de la montagne. Je comprend alors pourquoi les mousses poussent si bien ici. L’air est très humide. Pour une fois il fait soleil mais tout est légèrement moite.
Ce n’est pas très grand, et j’en fait vite le tour. Mais la beauté de ce jardin est surtout dans les détails. Tout d’abord ce patchwork de mousses de couleurs différentes qui forment des tapis. Plusieurs variétés de mousses ont été disposées, avec le temps elles se sont reliées les unes aux autres.
Ce ne sont pas des tapis lisses et uniformes. Les différentes hauteurs de mousses évoquent des plaines légèrement vallonnées.
On fait le tour du jardin via une allée bordée de petites clôtures en bambous, avec ici et là quelques pierres, quelques fougères. La petite taille de l’endroit invite à s’attarder sur les détails. Comme ce petit bassin avec cette feuille d’érable délicatement posée sur le bord. Est-elle ici par hasard ? Cela ne m’étonnerait pas qu’elle est été disposée intentionnellement ici, pour la magie de l’ensemble.
Quelques lanternes jalonnent également la visite. Elles font partie intégrante de l’ensemble, avec ces petites fougères qui pousses à leur base.
Le Gio-ji est vraiment un endroit magique. Si dans certains jardins japonais le regard se perd au loin, ici il est captivé par de petits détails. Ce jardin parle à notre coeur. Je vous avoue qu’il a fait ressurgir des choses en moi. Ce cocon invite à la réflexion.
Et je ne pense pas avoir été le seul à ressentir cela, car il régnait un silence monacal. Personne ne parlait, tout le monde marchait sans faire de bruit, comme s’il ne fallait pas déranger. La légère brise dans les arbres résonnait comme une petite musique qui nous accompagnait.
Endroit sublime, magique, les mots me manquent. Et ce je j’ai à dire n’est pas plus beau que le silence de cet endroit.