Philippines - stop#5 - Seaweed...!

La Seaweed...

La recherche de mouillages sûrs et confortables représente une part de soucis importante dans la tête d’un marin. Après avoir soigneusement étudié les cartes d’une Asie du Sud-Est regorgeant d’îles et donc d’abris, j’étais persuadé d’y trouver des petites baies calmes et douillettes en bord de villages. C’est parfois le cas. Mais respectant l’adage qui dit qu’une image vaut souvent mieux qu’un long discours, je vous laisse observer sur la photographie qui suit, ce qui se hissaient assez souvent entre moi et la jolie plage du village…

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Des rangées de bouteilles de plastiques soigneusement organisées en lignes et en colonnes… Curieux morpion géant évidemment non recensé sur les cartes marines et pouvant parfois s’étendre à plus d’un kilomètre du rivage. Il m’aura donc fallu quelques mouillages lointains ou quelques chicanes bien négociées pour arriver enfin à la source de la solution de cet étrange recyclage.

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Ce que je prenais au premier abord pour des constructions relevant de l’artisanat, se révèlent être en fin de compte des installations industrielles de pisciculture. La « seaweed », terme général pour représenter la grande famille des algues marines, représentent une industrie fleurissante en Asie qui n’a rien d’un bricolage de village. C’est donc avec de simples lignes, quelques corps morts, et des bouteilles de sodas en guise de flotteurs, que de très nombreux exploitants asiatiques s’organisent pour fournir le plus gros client de la planète : La Chine.

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Il existe plusieurs espèces de seaweed cultivables. Leur forme, leur substance, leur période de récolte peuvent alors changer. Anti-oxydante, riche en minéraux, dopant naturel, substitut à la viande, anti-cancer, anti-acné, anti-cholestérol, anti-diabète, anti-radiation, je me prends à rêver qu’elle soit également anti co… ! Bref, à en croire les pharmaceutiques qui exploitent cette « nouvelle » ressource pourtant ancestrale, je me demande encore pourquoi je ne trempe pas tous les matins dans mon café quelques-uns de ces brins d’algues fixés sous ma coque ! Au total plus de 25 millions de tonnes d’algues marines sortent des eaux asiatiques par pirogues en bois, sont séchées devant les villages que je fréquente, et sont acheminées par les vieux cargos de pêche que je croise tous les jours. Quelle toile commerciale joliment tissée et parfaitement rodée déplaçant un chiffre d’affaires de près de 6 milliards d’euros. Oui, 6 milliards ! Difficile à croire du point de vue que j’ai chaque soir depuis mon bateau. Quelques hommes en pirogues vêtus très sommairement s’affairant sur l’eau, leurs femmes triant les récoltes et préparant les boutures à même le sol devant leur maison de bois légèrement bancales, dur d’imaginer 6 milliards par ici !

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Ces algues, nous en mangeons tous les jours et les utilisons à travers tous les produits de nos salles de bains. Elles remplacent la farine dans nos produits « light », apportent la texture onctueuse que notre faux lait de vache ne donne plus à nos yaourts, et rendent nos pâtes à dents bien crémeuses et agréables. Ces algues que nous appelons « algues brunes » devant les plages des Philippines et qui ne valent que quelques euros dans les mains des pêcheurs arrivent chez vous sous le nom de E400 ou E407. Lorsqu’après quelques années de mariage votre femme ne se gêne plus pour sortir de la salle de bain le visage recouvert d’un élixir de jeunesse, il y a de nouveau de forte chance que quelques extraits d’algues marines soient collés sur sa douce peau de bébé.

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En attendant, cela ne change rien à mon problème du jour, je dois de nouveau trouver un mouillage ce soir !


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