BIG SCHOOL
"Big Fish Country"! Voilà le nom donné à la plus populaire des plongées de l'île. Une fois n'est pas coutume, les gros poissons se réunissent là où le courant se fait fort. En l'occurrence, à l'entrée de la fameuse passe inconnue. Quatre nœuds de courant n'y est pas évènement rare aux fortes marées. Ici, les plongeurs se munissent de crochets pour se fixer à la roche et se mettre en drapeau. J'explore les lieux en compagnie du club de l'hôtel et de leur 10 plongeurs, 10 chapelets de bulles, 10 paires de palmes, 10 sources de bruits...! Il n'y a pas de secret, approcher des poissons en palanquée de 10 plongeurs... ce n'est tout simplement pas possible.
Me rendre seul dans un tel endroit lorsque le courant est établi serait plutôt irraisonnable. Plonger seul rend possible une certaine liberté d’évolution et de philosophie de plongée, mais apporte bien évidemment son lot de contraintes logistiques. Après de longues discussions avec l’équipe de plongeurs de l’hôtel je n’entrevois qu’une seule alternative. Attendre l'étale basse au tout début de la marée rentrante et descendre avec l'ancre à la main, l’appareil photo à l’autre main, et de temps en temps l’inflateur à l’autre l’autre main...
Aujourd'hui le plan d'eau est lisse, je suis à l'heure au rendez-vous, l'eau est particulièrement claire, et récompense suprême, une énorme tâche noire vient se placer sous l'annexe. Il s'agit de l'énorme banc de barracudas, vedette du coin et venu me chercher en surface. L'occasion est trop belle! Je me mets à l'eau ancre fixée sur moi et descend le plus rapidement possible au fond. Je reste quelques dizaines de secondes occupé tête baissée à amarrer solidement l'ancre au fond. La tache accomplie, je relève la tête et découvre dressé à quelques mètres de moi la fameuse « fisheschool ».
Deux mille à quatre mille barracudas sont là devant moi, me faisant face comme s’ils m’avaient regardé faire ma manœuvre depuis le début. La scène est tout simplement surréaliste. En quelques minutes, je fais parti du groupe. Je pourrais les toucher en tendant le bras. Je suis totalement encerclé. Par moment, leur ombre m'éclipse un soleil pourtant bien présent en surface. Mon appareil photo s'en donne à cœur joie, et mon cœur lui, me transmet une des plus belles joie de ma vie de plongeur. Un peu plus timide, une raie aigle reste à distance respectable en compagnie d'un banc de petites carangues et d'un autre groupe de snappers. Décidément l'endroit est apprécié des « big fishes » du coin. Ce balai dure une bonne demi-heure, suite à quoi le courant commence à s'établir. Je comprends que j’aurais bientôt du mal à nager contre courant. La plongée aura été courte mais je ne suis pas pressé, je reviendrai demain, et demain encore ! Je rattrape mon ancre, la fixe sur ma stab et me laisse dériver à l’intérieur du lagon en faisant mes paliers à 2 ou 3 nœuds de vitesse ! Quelle sensation ! Il est temps pour moi de redescendre de mon doux nuage en remontant vers la surface...
Davantage sur mes escales à Bornéo en français:
@marc-allaria/borneo-stop-6-maratua-part1
More about my stops at Borneo in english, here:
@vcelier/borneo-maratua-part-1-by-marc-allaria-translated-from-french
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