Et voilà, on entre au Kenya, le but de notre voyage. Juste une façon de parler, le but d’un voyage c’est le voyage lui-même. Le passage de la frontière fût inédit pour moi. On se présente et on nous dit de passer pour aller jusqu’au premier village, trouver une banque, retirer une somme ridicule qui servira à payer, uniquement en monnaie locale, un formulaire indispensable. De là revenir faire les formalités d’entrée. On a ainsi commencé notre séjour comme illégaux.
Le pays était tendu, le premier tour des élections venait d’être annulé et une nouvelle date en train d´être négociée Il y avait des manifestations dans les grandes villes, dont Mombasa. Nous voulions malgré tout profiter de nos derniers jours de voyage, sans pouvoir se débarrasser complètement d’une petite inquiétude. Nous devions absolument aller à Mombasa pour trouver une façon de mettre la voiture dans un bateau en direction de l’Afrique du sud.
La piste nous a surpris par de nouvelles rencontres. Alors que l’on ne sortait plus l’appareil photo pour quelques girafes ou antilopes, non pas blasés du spectacle, plutôt inquiets du futur tri des milliers de photos réalisées, nous nous sommes précipités pour immortaliser notre nouvelle rencontre. L’exotisme est relatif.
On ne s'attendait pas à eux en Afrique de l'est
Bienvenue la pluie
Nous pensions traverser entièrement le parc national du Tsavo afin de conclure par quelques centaines de kilomètres de pistes faciles notre aventure Africaine. La pluie en a décidée autrement. Personne ne l’espérait plus, absente depuis trois ans elle était devenue une notion abstraite, un miracle qu’on espère sans y croire. Les énormes nuages accumulés au cours de la matinée ne pouvaient convaincre les habitants de son arrivée, eux même finissant par me convaincre que nous finirions notre voyage au sec.
Et pourtant … alors qu’attablés devant notre premier repas dans un restaurant qui avait accepté que l’on campe sur son terrain, quelques gouttes éparses ont commencées à tigrer la poussière de tâches sombres. Ces lourdes gouttes n’ont échappées à personne, la tension était palpable, cuisiniers, serveurs, patrons, clients tout le monde avait interrompu ses activités comme si le moindre mouvement pouvait effrayer ou décourager l’averse.
Et tout à coup la tension s’est libérée, le ciel s’est ouvert et tout s’est inondé. La terre trop sèche ne pouvait absorber cette vanne de vie qui l’a submergée comme l’émotion submergeait les habitants. Pour le camping ça compliquait sensiblement les choses, mais quel plaisir de partager ce moment de pure allégresse, instantané et inattendu. L’eau c’est la vie, c’est quand on en manque que l’on s’en rend compte.
Quelques rencontres juste avant la pluie, les animaux sont de la couleur de la terre dont ils s’enduisent pour se protéger.
Les derniers kilomètres du voyage
La pluie n’avait pas cessée au réveil. Renseignements pris il faut changer de plan. Les pistes du Tsavo sont fermées et probablement impraticables. Ceux qui ont déjà conduit sur la latérite mouillée, cette belle terre rouge, savent de quoi je parle. Elle n’est pas habituée à l’eau la latérite, elle devient glissante comme une patinoire. Presque imperméable elle crée des flaques de taille variable, aptes à cacher grands nombres de dangers.
Sur les conseils de nos nouveaux amis camionneurs, compagnons d’infortune, que le hasard a mis au milieu de notre chemin nous allons tenter de passer le long de la route, à quelques kilomètres en cherchant des pistes, des passages. Un peu stressant au début on se rend compte assez vite qu’avec un peu de patience et beaucoup de prudence on va y arriver. On profite des derniers kilomètres de hors piste du voyage.
On se fera même des copains en route car certains n’hésitent pas à tenter l’aventure avec des voitures peu adaptées. Embourbés quelques dizaines de mètres plus tard il faut les remorquer pour les remettre sur une route qu’ils ont quittée fâchés et retrouvent avec soulagement.
La côte et Mombasa
Deux jours sur la côte pour retrouver le canal du Mozambique qui nous rappelle tant de souvenirs Malgaches et d’amis que nous avons laissés là bas. Ceux sont deux jours de travail de rangement et de nettoyage du véhicule pour le préparer à son voyage maritime. Vu les services rendus on lui devait bien ça.
Trouver un transitaire dans un port inconnu qui va vous guider dans la recherche du bon bateau, compagnie maritime, douane n’est pas la chose la plus aisée du voyage. Les abords du port sont rarement les quartiers les plus agréables. Il nous faudra trois jours mais aidés de gens efficaces, bien rangé dans un container fermé, la voiture attendra patiemment son embarquement pour Cape Town via Durban. Pour la petite histoire elle arrivera plus tard que prévue mais en parfait état.
Pour nous se sera avion pour le retour en Europe, à trois heure du matin avec un taxi réservé à l’avance et qui arrivera au dernier moment, un rallye jusqu’à l’aéroport, un barrage de police désœuvré, l’Afrique jusqu’au bout.
Fin … merci à ceux qui ont suivi patiemment notre promenade au fil de l’Afrique.