De Cape Town à Mombasa, 3 mois, 8 pays, 12 500 km – Le Zimbabwe

Le Zimbabwe s’annonce par une file interminable de camions, dont je vous laisse imaginer l’état, arrêtés au hasard, comme un arrêt sur image. « Peux-tu avancer d’un mètre ton beau camion s’il te plait que je puisse passer dans ce fossé et gagner encore 50 m vers la frontière ? » Patience et bonne humeur, quelques exclamations et beaucoup de rires, l’Afrique. Eux passerons plusieurs jours à attente ici, il nous faudra une bonne heure de ce labyrinthe « camionesque » pour atteindre le poste frontière.

Peu de voitures individuelles mais beaucoup de monde. Il ne s’agit pas d’une queue bien rangé, à l’Anglaise, c’est plus une sorte de mêlée de rugby. Ça pousse, ça cri, ça rigole. Un œil sur les voitures, l’autre sur les papiers, une petite blague avec le voisin. Deux heures plus tard le tampon s’abat brutalement et bruyamment sur mon passeport. Le tampon, symbole du pouvoir, doit se faire entendre. Sa trace est plus timide, faudra renouveler l’encre … Welcome to Zimbabwe.

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Les chutes, Victoria Falls

Sitôt passé l’ultime barrière une bonne route nous amène directement à Victoria Falls. Déshabitué de ces bonnes routes nous avons tendance à rouler un peu rapidement. Traversant aussi soudainement que souverainement, une girafe prioritaire, nous rappelle à la prudence. Victoria Falls est une petite ville, artificielle, qui existe par et pour les chutes dont elle a usurpé le nom. Nom hérité du 1er découvreur Européen, le fameux docteur Livingstone, vous connaissez je présume. Il les a baptisées du nom de la Reine d’Angleterre, la non moins fameuse Reine … Victoria. La ville en face en Zambie prendra elle le nom de l’explorateur.


Une antilope nous accompagne tout au long des chutes
Les chutes, situées sur le fleuve Zambèze qui sert de frontière naturelle avec la Zambie voisine, sont évidement spectaculaires. Le fleuve se déverse dans la faille du plateau sur presque 2 kms de largeur et une centaine de mètres de hauteur. Bien que l’on soit en saison sèche un bruit puissant se dégage et un nuage d’humidité oblige à s’équiper d’un poncho. On peut se promener tout au long du cet effondrement impressionnant, à l’instar des chutes d’Iguaçu ou de Niagara.

La ville est un centre touristique sans intérêt, elle dispose de son propre aéroport permettant d’effectuer un voyage éclair aux chutes. Des policiers dans tous les coins s’assurent que les touristes ne soient pas gênés pas des locaux, cherchant souvent simplement à communiquer. Les agences de voyages organisant toutes les activités imaginables discutent aux restaurants branchés et à l’artisanat Africain made in china, le monopole de la rue. Du lever du soleil à son coucher des hélicoptères rythment l’ambiance faisant survoler les chutes à des touristes fortunés.

Le Zambèze

Le fleuve lui est magnifique, louer une barque en fin d’après midi et aller se promener le long de ses rives sauvages, en amont des chutes, est une expérience exceptionnelle. Exceptionnelle par l’approche des animaux depuis l’eau, crocodiles, éléphants, hippopotames et tout type d’oiseaux sont omniprésents ; exceptionnelle aussi par le paysage qui va s’enflammer en fin de journée de toutes les couleurs de l’Afrique. J’aime les couchers de soleil car même quand on ne connait rien en photo ça sort toujours quelque chose.


Le crocodile peuple les rives du fleuve. Immobile il attend son heure. Le bateau permet de s'approcher à quelques mètres sans risque.

Le Zimbabwe

Voici venu le jour de la séparation, notre ami va rouler directement vers la capitale Hararé d’où il rejoindra Cape Town. Nous continuerons notre voyage en solitaire pendant deux mois de plus. Sortons donc du parc d’attraction de Victoria Falls pour rentrer dans le vrai Zimbabwe.

Le pays a eut longtemps mauvaise réputation pour le voyageur. Robert Mugabe, au pouvoir pendant presque 40 ans, ne se présente plus. Célèbre dans les années 90 pour sa réforme agraire, expulsion et assassinats des fermiers blancs qui a déplacé la richesse agricole vers la Zambie et a ruiné le pays. Ces derniers temps, à 94 ans, son unique objectif est d’assurer le pouvoir à sa femme beaucoup plus jeune. C’est l’occasion de voyager à nouveau dans ce magnifique pays. On est passé juste, sa volonté d’imposer son épouse à entrainée sa destitution en novembre dernier.

Une des curiosités est que le pays n’a pas de monnaie propre. La monnaie était le dollar du Zimbabwe mais suite à une hyperinflation il a été abandonné en 2009. On peut acheter, en souvenir de ce temps, où tous les habitants étaient milliardaires, des billets de 100 000 000 dollars Zimbabwéens qui n’ont plus que la valeur de mémoire. Depuis, le pays utilise les monnaies étrangères, principalement le dollars US, le Rand Sud Africain et quelques autres. Imaginez une caisse ou vous payez en euro et demandez votre change dans la monnaie que vous souhaitez !

Le parc national de Hwange

Prolongation des parcs Botswanais dont il est frontalier, tout le monde nous déconseillait sa visite. Le braconnage aurait décimé les animaux et rendrait l'endroit dangereux. Je ne sais pas pour le braconnage mais on a vu une quantité impressionnante d’animaux. Seuls, dans les campements où le lion rugissait la nuit veillant sur son territoire, pas question de sortir de la tente pour aller aux toilettes la nuit, il faut s'organiser autrement. Des gardes extrêmement sympathiques, la plupart nés sur place, heureux de partager leurs connaissances et leurs passionnants souvenirs.


Le Roi des animaux n'est en fait qu'un gros chat. Il fait la sieste toute la journée mais la nuit, son rugissement, qui porte à plus de 6 km, incite au respect.


La girafe est curieuse, elle aime se laisser prendre en photo


Camouflage de zèbre

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Avec la meilleure volonté du monde il me faudra plusieurs articles pour parler de la traversée de ce pays. Après Hwange nous avons choisi de suivre les berges du lac Kariba pour atteindre, au nord est, la région des Mana pools et la frontière vers la Zambie. Des pistes sur lesquelles j’ai battu mon record de lenteur en voiture, des villages oubliés du monde, des gens d’autant plus accueillants qu’ils ne voient passer presque personne depuis des années. Il nous reste du chemin et de l'exploration.

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