De Cape Town à Mombasa, 3 mois, 8 pays, 12 500 km – Le Zimbabwe 3


Ultime fraction de cette traversée du Zimbabwe, le parc national des Mana Pools, toujours sur le fleuve Zambèze, au croisement de trois frontières, Zimbabwe, Mozambique et Zambie.

Depuis presque deux mois que nous vivions entourés de gros animaux, nous avions appris à nous y adapter. On savait éviter de se déplacer la nuit, surveiller le camp à l’aide de lampes puissantes, se surveiller l’un l’autre en cas de déplacement indispensable. On pouvait reconnaître les animaux à l’oreille, estimer leur distance et même souvent leur direction. On était capable de deviner quand un animal était dans un bon état d’esprit ou quand il fallait s’en écarter rapidement.

Notre séjour à Mana Pools allait mettre nos nouvelles connaissances à l’épreuve.

* * * * *

Des repas sous vigilance

Nous avons posé notre campement tout au bord du fleuve avec l’idée de nous reposer 4 ou 5 jours. Les pistes de cette dernière semaine, les journées de 12h pour 80km, nous avaient donné l’envie de quelques jours sans conduire.


Au bord du fleuve au milieu de la nature sauvage

A peine le temps de choisir une place accueillante et de se restaurer un peu que les légitimes habitants des lieux viennent nous souhaiter la bienvenue. Un peu surpris nous abandonnons lâchement notre hôte pour nous cacher derrière un arbre.


Une visite toujours impressionnante

Il nous arrivera les jours suivants de continuer notre repas pendant que la famille passe à quelques mètres de nous. Avec un peu d’habitude il est assez facile de savoir quand un éléphant est tranquille et ne fera que passer. Il faut malgré tout éviter de laisser des fruits sur la table, il adore ça et risque de venir les chercher. Si les éléphants sont nerveux il faut de toute urgence se mettre en sécurité dans la voiture, éventuellement derrière un arbre.

Des après midi relaxants

C’est ainsi que chaque jour nous avions le plaisir du passage d’une famille, les parents et trois enfants à l’heure du repas. L'après midi un monsieur solitaire venait passer deux heures à manger des plantes d’eau, boire et prendre son bain juste devant notre voiture. Au fil des jours lui et nous avons appris à cohabiter sans aucun stress. Le coucher de soleil sur le fleuve venait conclure la journée.


Le bain quotidien de monsieur éléphant ...


... dans le cadre d'une nature vierge

Des matinées combatives

Pour autant on ne s’ennuyait pas le matin, à la première heure des bandes de singes traversaient le campement à la recherche de quelque chose à voler. Ils ne sont pas bien gros mais viennent nombreux. Ils sont toujours dans un état d’esprit identique, essayer de vous faire un mauvais coup pendant que vous admirer naïvement les énormes crocodiles remontant le fleuve sans paraître bouger. Ne jamais laisser vos clés de voiture posées sur une table, imaginez le problème que vous auriez si un singe s'en emparait, juste pour s'amuser ... 100km à pieds dans des endroits si peuplés d'animaux.


Ne vous fiez surtout pas à son air de tranquilité

D’autres occupants des lieux devaient être surveillés de près. Les hippopotames, bien que végétariens, sont dangereux. Ils courent beaucoup plus vite que leur volume et leurs courtes pattes ne le laisserait présager et ne dévient de leur route sous aucun prétexte. Ils sortent de l’eau la nuit, parfois au petit matin à la recherche de leur nourriture. Ils peuvent parcourir plusieurs km par des pistes qu'ils balisent avec leurs excréments et reviennent toujours à leur point de départ. La journée ils restent dans l'eau, leur peau craint le soleil, il deviennent rose, comme les nordistes qui venaient dans ma jeunesse passer leurs vacances sur les plages Méditerranéennes.


Passage quotidien, celui là avait le bon goût de choisir l'autre côté de la voiture pour ne pas déranger notre petit déjeuner

Des nuits magiques

Quand la nuit tombait il n’était plus question de s’éloigner du campement. Un feu et notre installation entre le feu et la voiture. Comme dans les prisons de haute sécurité nous éclairions, à l’aide de nos lampes puissantes, les alentours toutes les 2 ou 3 mn. Les hyènes étaient toutes proches, leurs yeux rouges ressortaient dans les faisceaux des lampes, elles s’éloignaient un peu et revenaient immédiatement. Je ne crois pas qu’elles soient dangereuses, elles attendaient patiemment dans la proche obscurité que l’on rentre dans la tente. Elles venaient dés que le feu perdait de l’intensité chercher des restes du repas que l’on abandonnait pour le plaisir de les observer depuis notre tente de toit.

Toute la nuit était bercée par les bruits des hippopotames, des passages d’éléphants. Quand les lions arrivaient cela mettait un peu d’ordre et tout le monde se faisait plus discret, pour un temps.

* * * * *

C’est sur ce séjour de nature passionnante que nous avons achevé notre traversée d’un pays que l’on a beaucoup aimé. Quelques mois plus tard les problèmes politiques ont repris le dessus au Zimbabwe, chacun s’en fera son idée, souhaitons seulement que les gens puissent bénéficier d’améliorations de vie indispensables rapidement. La frontière vers notre prochaine étape, la Zambie s’est passée sans problème notoire et nous voici à l’entrée d’un nouveau pays à découvrir dans le prochain article.


H2
H3
H4
3 columns
2 columns
1 column
6 Comments