Je viens de passer 6 mois à visiter les Philippines et un supplémentaires à remettre à jour mon voilier. Beaucoup de belles rencontres dans cette Asie que j’apprends à connaître. S’il y a une chose que l’on ne peut pas enlever à cette partie de l’Asie, c’est bien la gentillesse de sa population. C’est d’ailleurs une composante qui ne me quitte pas depuis le tout début de mon voyage. Malgré tout je garde au fond de moi une petite frustration qui me donne une bonne raison pour partir et aller toujours un peu plus loin pour voir si… si les eaux me redonnent le plaisir des plongées que j’ai pu connaître en Mélanésie.
Car il faut bien l’avouer, l’Asie n’est pas faite pour les amoureux de l’exploration sous-marine. Je l’ai déjà dit, ici le choix tangue entre une réserve naturelle, ou une surpêche dévastatrice. Pas de chance, je n’aime ni l’un ni l’autre ! Je poursuis donc ma route vers le sud sur la côte Est de Bornéo en au maximum des rares lieux d’isolement que n’offre plus cette partie de l’Asie. Comble de circonstances, ici se jette l’un des plus grands fleuves de Bornéo, la Kinabatangan river, ce qui signifie… eaux marrons !!
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Belle rencontre, mais pas rassurant pour la plongée ! Je range donc mes bouteilles de plongées au fond des calles et rentre prudemment dans cet enchevêtrement de lacés bruns entourés de vert dont je n’ai aucune carte précise. De réputation le fleuve est navigable avec 2 à 8m de profondeur. Ici ce ne sont pas les récifs qui risquent de frapper la coque mais les troncs d’arbres. Même chose pour l’ancre qui pourrait se prendre dans un tronc, ce qui serait un vrai problème car si passionné de plongée que je peux l’être, je me vois mal descendre dans ces eaux boueuses… !
J’avance donc prudemment pendant plusieurs heures en regardant sur mon logiciel de navigation, l’icône de mon bateau entrer dans les terres ! Ici, rien ou presque. Très peu de villages, une pirogue croisée par heure tout au plus. Je ne sais par trop où je vais. Le canal se resserre petit à petit. Cinquante mètre de large, puis trente, vingt, bientôt mon voilier de douze mètres ne pourra plus faire demi-tour. A défaut de mérous et de requins je recherche les éléphants dont m’a parlé un ami qui s’est réveillé un beau matin sur la rivière à 20m d’une famille de « trompozores » venus prendre leur douche. En vain. Ce ne sera pas pour moi. Je jette l’ancre au milieu de la rivière et me promène avec l’annexe à la recherche d’un animal curieux. J’en trouverai plusieurs. Outre les oiseaux très nombreux ici, une famille de singes dont j’ignore totalement l’espèce vient en bord de rivière. Il y en a des noirs et des bruns. Deux espèces différentes, c'est à peu près tout ce que je pourrai vous en dire ! Si comme moi, ils avaient eu un appareil photo dans les mains, je pense que nous aurions eu exactement les mêmes comportements fait de curiosité et de timidité.
Je finis par trouver un village bien organisé en bord de rivière avec ponton et passerelle pour aller de maisons en maisons. Je suis invité à une partie de pêche et à une découverte de la rivière en pirogue. Le crabe est une denrée courante dans la rivière. Les pièges sont posés le soir et la récolte est faite de bon matin. C’est un moment très sympa à partager comme toujours depuis mon arrivée en Asie. A ma plus grande stupéfaction et à la totale indifférence de mes hôtes, nous croisons un chalutier en plein fleuve… Je connais les dégâts causés par ces navires en mer, je n’ose même pas imaginer ceux engendrés dans les lits des rivières. D’autres problématiques et une autre culture que j’ai tout de même du mal à ne pas juger.
Chalutier en rivière
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Je passe ainsi quelques jours sur l’eau mais loin de la mer, au calme et en compagnie de gens adorables encore une fois. Quelques invitations à bord, quelques soirées agréables et de nouveau l’ancre se relève et Aurora repart vers une prochaine escale.
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Davantage sur mes escales à Bornéo en français:
@marc-allaria/borneo-stop-6-kudat-et-l-escale-technique
More about my stops at Bornéo in english, here:
@vcelier/borneo-kudat-and-the-technical-stop-by-marc-allaria-translated-from-french