Vous espérez une belle surprise, pas vrai?
Alors en attendant profitez bien de ces belles pièces d'or!

Dans les quelques pages que mon grand-père à écrit sur la maison en 1961 il mentionne que la profondeur du puits se situe aux alentours de 17 mètres. D'après lui l'eau provenait probablement d'une infiltration des eaux de pluies dans le sol plutôt que d'une source. J'imagine que ce sont les années de sécheresse qui lui ont fait constater tout ceci.
Comme je vous l'ai dit dans le précédent épisode, Robert abreuvait les bêtes de la ferme avec l'eau de ce puits. Une autre partie était puisée pour les besoins domestiques. Pour cette dernière utilisation je peux vous dire que la consommation était très faible. A cette époque là il n'y avait pas de salle de bains ni de toilettes.

Pendant les vacances d'été que nous passions mes soeurs et moi dans cette ferme, ma grand-mère nous lavait dans une grande bassine en métal. Par ailleurs, une pompe amenait l'eau à la cuisine. Un seul robinet d'eau froide servait aux besoins culinaires et aux ablutions de mes grands-parents. En hiver il y avait toujours un peu d'eau chaude dans une énorme bouilloire posée sur la cuisinière à bois.
Et les toilettes, me direz-vous? Et bien nous avions deux choix. Pour un besoin pressant nous avions l'écurie et la rigole qui circulait au centre ou, pour plus de confort, une sorte de "toilette sèche" que mon grand-père avait fait aménager en 1960. C'était ce que l'on appelait un WC à la turc et il se trouvait dans la cour. Un broc d'eau était posé à l'intérieur et faisait office de chasse d'eau. Bien entendu nous étions obligées, après chaque passage, d'aller remplir le broc au puits. Pas question d'en faire un jeu car l'eau était très précieuse. Un seau était accroché à la chaîne du puits. Nous tournions la manivelle et le seau tombait dans l'eau et se remplissait. Nos petits bras n'avaient pas toujours la force de remonter le seau alors ma grand-mère se précipitait pour nous aider et nous éloigner du puits.
Vous voulez savoir ce que nous avons trouvé dans ce puits! Ah la la! Aucune patience.
Alors voilà, nous y arrivons.
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J'avais toute une série de photos du travail de nettoyage que j'aurais aimé partager avec vous et malheureusement le disque dur sur lequel elles se trouvaient a rendu l'âme.
Par une belle matinée ensoleillée de l'été 2009, une équipe de puisatiers s'installa dans la cour avec leurs camionnette, citerne, pompe, tuyaux et cordes. Ils commencèrent par vider le maximum d'eau et s'arrêtèrent à environ 13 mètres de profondeur. Un des hommes chaussa ensuite des bottes en caoutchouc et s'encorda à un autre qui, lui, se cala contre le puits. Il descendit jusqu'à ce qu'il trouve un sol sous ses pieds et un troisième homme laissa glisser un gros tuyaux d'aspirateur. L'évacuation de la boue commença. Nous étions au-dessus à attendre et à regarder. C'était vraiment impressionnant de les voir travailler. On avait l'impression que celui qui était au fond du puits était un enfant tellement il était petit. De temps en temps il fallait qu'il remonte car il avait du mal à respirer à cause des gaz.
Nous les avions prévenus qu'ils pourraient peut-être trouver un sucrier et cela ne les surprit pas. Dans leur profession ils faisaient souvent des trouvailles mais ils nous avouèrent qu'ils n'étaient encore jamais tombés sur un trésor.
Un premier objet remonta. C'était une bouteille pleine.
Etant en Bourgogne on pouvait penser qu'il s'agissait d'un bon vieux Bourgogne millésimé, et bien non, pas du tout! Sur le verre et sur le bouchon on pouvait lire: Grandes Brasseries Chalonnaises. De la bière??? En la regardant de près nous avons compris l'histoire de cette bouteille.
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A l'époque où il n'y avait pas de frigo, les gens utilisaient l'eau froide pour garder au frais. Nous avons supposé qu'un jour de grande chaleur et de travaux à la ferme, un ouvrier a placé sa bouteille dans le seau puis l'a laissé tremper dans l'eau. Par malchance le seau a dû s'incliner et la bouteille a versé. Mais ce n'était pas de la bière, c'était du vin.
Puis une petit cuillère pointa son nez. Après observation sous toutes les coutures on la méprisa. Ce n'était qu'une vulgaire cuillère en métal, sans intérêt. Nous, nous attendions au moins de l'argenterie, voire même de l'or!
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S'en suivit des pattes de fixation métalliques et un gros clou en forme de U. Ah non là, vraiment, ça ne ressemblait pas à un trésor! Les puisatiers s'amusaient à voir nos têtes et essayaient de minimiser nos rêves mais il y avait fort à faire!
Une vieille chaussure d'enfant, en cuir, bien usée et bien raide remonta.
Là, mon côté maternelle se réveilla et j'imaginais déjà l'enfant penché sur le puits et regardant sa chaussure flotter puis couler. La mère arrivait et se mettait à hurler, non pas à cause du danger mais parce que ce fichu gamin avait jeté sa chaussure et que cela coûtait cher.
Il n'y avait plus de lacets bien entendu mais il n'y avait plus non plus les fils utilisés pour l'assemblage de la semelle et la découpe de la languette. L'eau les avait avalés.

Un petit couteau de cuisine, presque en bon état, vint grossir le lot des trouvailles. Après nettoyage il repartit dans ma cuisine et aujourd'hui je l'utilise encore.

Puis on entendit l'homme du fond du puits crier un énorme "JE L'AI TROUVE".
Il venait de mettre la main sur le sucrier de Robert. Vous n'imaginez pas la joie que cela nous procura. C'était Notre trésor. Après tout ce qu'on avait imaginé et avoir vu ce qui remontait il n'en fallait pas plus pour que ce sucrier prit une importance démesurée. Il était à peine cabossé et un peu sale mais en frottant du revers de la manche on vit apparaître "Robert" et là, mesdames, messieurs, on n'en demandait pas plus.
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J'espère que vous n'êtes pas trop déçu par mon histoire et qu'elle vous aura tout au moins amusé.
Toutes les photos sont les miennes excepté la première (les pièces d'or) qui est de Pixabay.