Rencontres avec l'Afrique : Le temps des échecs

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Retour en Côte d'Ivoire.

La vie de mon ami Juste avait changée au cours des vacances scolaires (Episode 1. Le père d’un de ses amis avait fait naître en lui l’idée de partir vers l’Europe à la recherche d’une vie meilleure. Se fiant aux fantasmes de ce soi disant adulte, quelques mois plus tard, Juste prenait la route, abandonnait sa vie pour un rêve. La famille lui avait confié la tontine, de l’argent épargné en commun. Il portait déjà une responsabilité immense, l’obligeant à réussir.

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Rempli d’espoir et d’optimisme il s’est d’abord dirigé vers Abidjan pour rencontrer des amis d’amis qui a défaut de l’aider beaucoup, l’ont encouragé dans sa voie au prix, bien trop élevé, de quelques Francs CFA. La route de l’exil est couteuse, remplie de prescripteurs de départ enthousiastes qui étrangement restent chez eux.

Il est parti, devinant que pour aller vers l’Europe il fallait aller au nord. C’est au fil des jours, en traversant le Mali que ces plans se sont affinés. Les passeurs repèrent les candidats aussi instinctivement que l’enfant trouve le lait de sa mère. Les premiers passeurs intervenaient pour traverser le Sahara, étape nécessaire et meurtrière pour accéder à la Méditerranée.

Premier essai

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La première tentative passait par l’Algérie. Juste a souffert dans le nord Mali, entassés à 40 personnes à l’arrière d’un pick up sous le soleil écrasant du Sahara. Voleurs, police, police et détrousseurs, rançonneurs en tout genre, parasites profitant de la misère des autres. Nuits sans dormir, inquiétudes diffuses. Le trajet traverse des zones désertiques sans fin, sans repère, sans abris et surtout sans eau. Habitué à la forêt tropicale Juste était terrorisé par ce désert.

Tout au nord du Mali l’approche de la frontière complique encore la situation. Le pick up a déchargé sa marchandise humaine, pas question pour lui de prendre des risques. On leur indiqué la direction du nord sans leur préciser qu’il n’y trouverait ni eau ni nourriture, pendant longtemps. Au bout de deux jours, terrorisés par ce milieu inconnu, Juste et un compagnon de voyage ont fait demi-tour. Bien leur en a pris, les autres, trop courageux ou trop mal informés ont disparus, absorbé par ce désert qu’ils ont peut-être sous estimés.

Deuxiéme essai

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Juste a gardé de cette expérience une peur panique du désert. Le désert est magnifique quand on y est préparé, qu’on le parcours pour le plaisir. Il refuse de retenter sa chance par la voie Libyenne. Il choisi de se diriger vers le Sénégal. Plusieurs mois de voyage, le plus souvent à pieds, au gré des fortunes et des infortunes de la piste, des saisons des pluies, des rencontres. A Dakar il devra s’arrêter quelques mois pour travailler.

De là il lui a encore fallu traverser la Mauritanie, encore du sable, mais en suivant la côte cette fois. S’arrêtant vivre un temps chez Imraguens du banc d’Arguin il découvrira les pêcheurs aux techniques si particulières, connus pour se faire aider des dauphins pour ramener les poissons dans leur filet. Juste s’est fait pêcheur pour gagner sa vie et continuer encore et toujours son voyage.

Quelques mois et beaucoup de péripéties plus tard il est à Tanger. Les candidats au départ n’y sont pas bien accueillis, il faut patienter. Il fini par trouver un embarquement pour l’Espagne. Une embarcation de fortune qui jouera sa vie et celle de ses passagers à pile ou face, mais comment le savoir quand on ne connait pas la mer et les bateaux ? Dénoncé, probablement par les faux passeurs qu’il avait déjà payés, il n’embarquera même pas. L’embarcation pourra servir aux passeurs une autre fois. Il est arrêté, emprisonné et plus tard renvoyé à Abidjan dans des conditions de voyages particulièrement difficiles.

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Plus de quatre ans après son départ, des milliers de kilomètres, des risques encourus, il se retrouve au point de départ. L’envie de rentrer au village voir sa famille est aussi forte que l’on se l’imagine, mais comment revenir sans l’argent de la tontine, sans nouvelle depuis 4 ans et sans se couvrir de honte auprès des siens ? Juste ne rentrera pas, il va essayer encore comme on le verra dans la dernière partie de son histoire.

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L’histoire est entièrement conforme à ce que Juste m’a raconté au cours des années passées ensemble à Abidjan. J’ai changé son nom et la photo est celle d’un autre ami du même âge, faite à cette même époque. Il aurait pu être un autre Juste cet ami, mais à choisi un autre parcours. Il a fait sa vie en Côte d’Ivoire, survécu aux mauvaises années. J’ai perdu la trace de Juste dans les années de guerre, regardant souvent, encore aujourd’hui, les artistes Ivoiriens au cas où je le verrais apparaitre un jour. J’espère qu’il aura lui aussi passé les années noires et qu’il a trouvé son chemin dans sa vie.

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