PHILIPPINES - Stop#5 - Les îles Cagayans...!

LES ILES CAGAYANS

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L'EPOQUE D'UNE PECHE ILLEGALE...

A la regarder mimer les astres dans un parfait reflet de ciel étoilé, on aurait bien du mal à croire que la mer de Sulu puisse quelques fois hacher cette parodie dans un déchirement de vent et de vagues. Ces instants sont d'autant plus magiques qu'ils sont uniques. La nonchalance prend alors le dessus, la méditation est omniprésente, et c'est tout naturellement, qu'aspiré par cette oisiveté latente, on finit par en découvrir la source... Cette source est l'une des dernières perles isolées des Philippines, Les Iles Cagayan.


Vaisseau mère de pêche aux Philippines...

Ilot de Boombong
Un atoll bien loin de la réalité surmenée du pays. Une bulle d'isolement qui fait oublier les 90 millions de philippins qui, à quelques centaines de kilomètres d'ici, s'affairent à ses activités sur un rythme typique de l'Asie. Non, ici, rien de tout ça, le calme est revenu, il semble même ne jamais être parti. Comme à l'accoutumée, ce sont les pêcheurs en pirogue qui enverront les premiers signes d'hospitalité vers l'étranger venu de la mer. Certains iront même jusqu'à partager quelques minutes de navigation bord à bord, et à offrir une part du produit de leur pêche en guise de bienvenue. L'atoll est grand, sa partie Nord reste immergée à l'exception d'un îlot minuscule où les pêcheurs partis durant plusieurs jours se réunissent pour réparer leurs lignes, s'abriter ou récupérer avant de sortir pêcher pour la nuit. L'îlot de Boombong est une perle de végétation entourée d'un ruban de sable blanc. Diuni est l'un de ces pêcheurs rencontré ici, qui quittent le village durant plusieurs jours pour partir pêcher en mer sur sa pirogue de 6m. C'est par lui que la réponse au mystère de ces étranges pilotis en béton construit sur le récif se fait entendre. "Ce sont des constructions pour le garde-pêche" affirme-t-il. Un garde pêche ici? Perché sur une terrasse en pilotis au dessus du récif?! "Oui, il surveille la pêche illégale". La pêche à la dynamite et la pêche au cyanure (Siyanaï en langue locale) étaient en effet pratique courante il y a encore quelques années. Une plongée sur le tombant de la barrière de corail vérifiera très rapidement les propos de Diuni. Un cimetière de corail, des avalanches de débris de squelettes calcaires, et le travail de la Nature avec une mousse légère venant recouvrir le tout. Le décor devient d'un coup d'un seul nettement moins paradisiaque. "Les pêcheurs venaient de Iloilo (une ville principale située à 300kms) pour venir faire la pêche illégale ici. Maintenant c'est surveillé et ils ne peuvent plus le faire." L'explication est simple et bien connue dans de nombreux endroits de la planète. Pour exporter davantage de poissons vers les pays de l'Asie du Nord qui ont épuisé leur stock depuis de nombreuses années, les pêcheurs utilisaient la dynamite ou le cyanure et envoyaient le produit de leur cueillette vers Taiwan, Le Japon, ou La chine. Désormais, ce sont les pêcheurs locaux qui ont récupéré la filière, mais de manière plus régulière cette fois-ci. Une fois par mois, un cargo vient acheter le poisson aux pêcheurs de l'île, le ramène à Iloilo où il sera conditionné avant d'être exporté.

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UN HAVRE DE PAIX ET DE BEAUTE...

Pêcheur de seaweed
L'intérieur de cet ancien repère à pirates du 19e siècle n'est pas accessible par n'importe quel navire. Les hauts fonds et le passage tortueux rendent l'accès délicat. Mais que la récompense est belle pour ceux qui réussissent à mener leur embarcation au cœur de l'atoll. Plusieurs champignons rocheux rappellent la morphologie de la baie d'Upi, en Nouvelle Calédonie. Les côtes sont rendues agressives et sauvages par une roche taillée en couteaux entre lesquelles vient se dissimuler la douceur de nombreuses plages idylliques. L'ouest de l'atoll est sans aucun doute le plus spectaculaire. Un petit labyrinthe se dessine entre plusieurs îlots, le plan d'eau y est parfaitement lisse et les plages somptueuses. C'est ici que Rodolpo y cultive la SeaWeed. La culture de cette algue marine est très répandue dans cette partie de l’Asie. Quelques boutures ficelées autour de cordes et laissées environ 6 semaines immergées donneront bientôt de gros bouquets. Ces algues seront ensuite séchées avant d'être embarquée dans le cargo mensuel qui la livrera aux bouches chinoises, mais aussi aux professionnels des industries pharmaceutique et alimentaire. L’aspect « pâteux » de vos dentifrices, l’onctuosité de vos yaourts, c’est la seeweed ! Aux villages, l'anglais n'est quasiment pas parlé, mais l'accueil est chaleureux. Un groupe d'enfants se fait escorte pour une visite à travers les rues de sable du hameau, un charpentier explique sa technique devant l'ossature de sa prochaine réalisation, les pêcheurs rentrent attendus par leurs enfants, le quotidien est simple, la vie semble heureuse.

PATIENCE ET ESPOIR...

Attristé par le spectacle affligeant de ces premières plongées dans l'Est de l'atoll, je reconduis l'expérience dans l'Ouest cette fois-ci. Plus proche des villages, j’espère que les activistes de la pêche illégale n'ont pas pu sévir aussi facilement devant les habitations que hors d'atteinte dans le Nord du récif. Ma théorie est vite vérifiée. Ici, la cassure du platier est nettement plus prononcée. Le tombant file rapidement à la verticale jusqu'aux 100m de profondeur. Les coraux durs sont encore présents, et les coraux mous recouvrent entièrement les zones ombragées du récif. Je retrouve les colonies de gorgones géantes, les nephtyas accrochées aux parois, et même quelques mérous font une apparition discrète. Tout espoir n'est pas perdu... !


Bonheur retrouvé !

Pendant longtemps chaque grosse commande de poissons venant de l’Asie du Nord a résonné d’un lourd bruit de dynamite autour des îles Cagayans. Les fonds marins s'en rappellent encore. Ces dérives, bien que jamais totalement éradiquées, semblent être désormais bien mieux contrôlées. Les îles Cagayan sont l'un de ces lieux isolés qui paient aujourd’hui le prix de la surpopulation mondiale. La reconstruction de la Nature est amorcée mais sera encore sera longue avant que le récif puisse protéger à nouveau l’atoll des caprices de la mer de Sulu, des cyclones, mais aussi d’une autre vague déferlant en direction des Cagayans: le tourisme...

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Davantage sur mes escales aux Philippines en français ici:
@marc-allaria/decouvrez-les-philippines-escale-5-le-dossier-peche
@marc-allaria/decouvrez-les-philippines-5-scenes-cocasses-en-mer

More about my stops in philippines in english, here:
@vcelier/discover-the-philippines-the-fishing-file-by-marc-allaria-translated-from-french
@vcelier/discover-the-philippines-funy-situations-at-sea


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